Par Hatem JAMOUSSI
Fondateur de l’Association
Convergence
Présentation
du concept – Contexte général:
Le logement alternatif est une variante, dans la conception, la
construction et/ou dans la gestion, par rapport aux pratiques ordinaires de la
promotion immobilière privée et du logement social institutionnalisé.
Au même titre que les techniques nouvelles (respectueuses de l’environnement)
qu’il vise à introduire, il favorise la renaissance des techniques ancestrales locales
qui ont fait leur preuve dans leurs milieux respectifs, tant en efficacité
qu’en harmonie avec les besoins des usagers.
Le logement alternatif est promu avec une démarche éminemment
participative, rendue possible grâce à une cohésion sociale pleinement
retrouvée, issue de relations interculturelles et intergénérationnelles
renouvelées et qui apporte plus de mixité dans la ville et contribue à la
création d’un milieu plus adapté et mieux partagé.
Toutes ces valeurs sociales et écologiques, se traduisent d’emblée au
niveau des choix de construction et dès la programmation de l’opération.
Tentatives
de définition du Logement Alternatif :
Le « Logement alternatif » pourrait regrouper :
·
L’habitat
construit au moyen de techniques »et typologies non classiques et/ou
atypiques, à prix abordables.
·
Les modes
alternatifs de conception, d’usufruit et/ou d’exploitation de logements ou
d’acquisition des logements (autopromotion, autogestion,…) indexés sur le temps
ou la situation du foyer (famille).
·
Le
logement de certaines catégories sociales exclues comme les sans-abri (chroniques,
cycliques ou temporaires)
·
Plusieurs
échelles et natures d’intervention sur des sites existants (rénovation,
extension, travaux neufs, rénovation)
Quelques
techniques de réalisation de Logements Alternatifs :
Plusieurs techniques de réalisation peuvent être envisagées pour la
réalisation de logements alternatifs et la liste augmente sans cesse :
·
Construction
en terre crue
·
Brique de
terre compressée : BTC
·
Construction
en plâtre
·
Construction
en paille +terre
·
Construction
en containers
·
Construction
classique
·
Procédés
innovants : LGS, polystyrène, Béton cellulaire, etc
·
Construction
en bois
·
Construction
en pierre (foyer Tataouine)
·
Construction
en paille
·
Etc …
Enjeu
Social
La
condition de vie est l'une des 3 composantes de la pauvreté multidimensionnelle
et elle présente à elle seule près de la moitié des indicateurs de la PM –
L'accès à l'eau, à l'électricité, à un combustible de cuisine propre, la
possession d'un habitat ayant un sol et des sanitaires propres sont des
facteurs déterminant la qualité de vie et de la dignité humaine. L'amélioration
de ces indicateurs peut être faite via le développement d'un concept
reproductible d'habitat social durable intégrant les innovations technologiques
à faible coût et les connaissances ancestrales, le but étant de faire sortir
les citoyens de la pauvreté au lieu de les aider à mieux y vivre.
L’enjeu
social du logement alternatif est de mutualiser les coûts et les espaces
(foncier, construction, consommations...) pour atteindre un coût
« accessible », tout en favorisant l’inventivité dans les modes
d’habiter et en privilégiant la dimension participative et citoyenne par
l’association des habitants pour une définition collective de leur propre
habitat. Et c’est à ce titre qu’il s’inscrit pleinement dans le cadre de
l’innovation sociale. Le logement alternatif permet de dynamiser le développement
des territoires urbains et ruraux en s’appuyant sur des initiatives citoyennes.
Le
logement alternatif vise l’amélioration du cadre de vie des usagers et une plus
grande cohésion sociale, par un processus de prise de décision collective
respectant les attentes tant individuelles que collectives, ainsi que les
valeurs écologiques et environnementales.
Objectif
Pour
mieux encadrer les initiatives de LOGEMENT ALTERNATIF, l’objectif principal est
de
former et recruter des spécialistes ayant les compétences suivantes :
·
Promouvoir
et accompagner les projets d’habitats alternatifs, coopératifs, d’autopromotion
ou d’autogestion dans un cadre urbain ou rural d’éco-quartiers ;
·
Contribuer
à mieux traduire les besoins et les attentes des habitants : faisabilité
architecturale, faisabilité technique et constructive, montage juridique et
financier, questions réglementaires, assistance à la coopération et la
gouvernance etc.
·
Procéder
au choix des solutions techniques: de l’étude de faisabilité jusqu’à la phase
opérationnelle ;
·
Maitriser
les outils nécessaires pour construire ou rénover des bâtiments et/ou leurs
espaces collectifs : en privilégiant les solutions écologiques, le lien
social, et la participation des usagers dans toutes les phases de l’opération;
·
Assurer
l’animation des groupes-projet et
piloter l’approche « performance énergétique et éco-construction
» aussi bien en travaux neufs qu’en réhabilitation d’opération;
·
jouer le
rôle de coordinateur entre les groupes de citoyens décideurs et les partenaires
(collectivités /aménageurs/ bailleurs /financeurs / juristes...).
·
Aider à
créer les conditions de la démocratie participative et d’apporter leur
expérience et leur savoir-faire pour aboutir à la concrétisation du projet
d’habitat alternatif.
Il est appelé à entreprendre une démarche durable en la
matière, qui passe également par une meilleure connaissance des problématiques
suivantes, touchant notamment les communautés rurales :
·
Production
alternative d’énergie électrique (éoliennes, co-génération…) et l’utilisation
optimale de l'énergie solaire pour l'éclairage, chauffage et chauffe-eau
·
Sécurité
en Eau, qui comporte l’autonomie des moyens d’extraction et de transport de
l’eau : Pompe solaire (www.pompesolaire.com),
·
Propreté
et absence de risques pour les combustibles pour cuisine (utilisation optimale
de l'énergie solaire – four et cuisinière solaire, etc.
- www.solarcooking.com)
Autres
aspects importants du Logement alternatif (LA) à débattre lors des assises
:
Aspects
financiers & juridiques pour l’accession au LA:
Pour l’acquisition des LA ou leur usufruit par les usagers, certains
aspects posent des problématiques à étudier. Nous en citerons:
·
Le travail communautaire et le paiement de tout (ou
partie) du prix d’achat au moyen de la «monnaie temps »
·
Gestion du financement de l’opération, apport de la
société civile : En cas d’aides sociales ou subventions, ce pourrait être
la société civile qui valide le déblocage des tranches. L’opération gagnerait à minimiser la
circulation de l’argent, pour éviter les abus. Mais cela passe par le
renforcement du secteur associatif Tunisien et une plus grande spécialisation
pour inclure ce secteur nouveau (cf plus bas).
·
Partenaires professionnels assurant la
conception, pilotage technique &
maitrise des coûts des projets de construction LA : quels engagements,
quelles responsabilités ? Comment mettre en avant leur engagement
citoyen ?
Quelle
Mode d’accession au LA -mode d’exploitation des collectifs de LA :
Achat ou Location
Quel serait le meilleur mode d’accession au LA? Cela dépend du type
et de la permanence du besoin du Bénéficiaire
o
L’achat présente certains avantages, surtout s’il est adossé à un programme d’aide sociale
(à réfléchir)
o
La location peut combler certains besoins transitoires
o
L’usufruit viager pourrait être intéressant pour des
familles sans enfants
Critères
de définition des Bénéficiaires du LA
Quels Bénéficiaires ? les critères cumulés suivants pourraient être
considérés :
·
Des personnes ayant un problème de Logement
o
qui veulent s’engager dans cette démarche Solidaire et
Alternative
§
satisfaisant les conditions d’attribution qui doivent
être mises en place (multicritères, tenant compte de la situation familiale)
Gestion
et maintenance du bien construit : Fortement dépendant du mode
d’exploitation
Et
ceci devient presque une nécessité, notamment en cas d’utilisation de
techniques de construction non-classiques. Le but étant de favoriser une
meilleure durabilité des LA ainsi que leur exploitation dans des conditions
favorables.
Ce
besoin s’avère impérieux aussi bien dans le cas d’ensembles LA gérés en
location ou cédés en propriété aux Bénéficiaires.
·
Plusieurs questions se posent : Quel mode
organisationnel (participatif) mettre en place pour la gestion/maintenance des
ensembles LA ? (surtout au vu de l’expérience peu concluante des
syndics en Tunisie)
·
Comment garantir la pérennité financière des
organisations de gestion ?
·
Peut-être la solution passe-t-elle par la monnaie
alternative ou « monnaie temps » ? Surement
Par
où pourrait-on commencer ?
On pourrait commencer par des opérations « pilotes » à
différentes échelles pour vulgariser certains aspects (techniques et autres) de
ce concept nouveau en Tunisie :
·
Une première opération pilote : un LA individuel par gouvernorat,
par technique. Mais cela pourrait commencer également par un bâtiment
civil qui implémenterait une nouvelle technique, ce serait plus sécurisant pour
les communautés, cela aurait valeur d’exemple.
·
Quelques opération pilotes de « collectif de LA » qui
pourraient être menées dans plusieurs gouvernorats répartis sur le territoire
tunisien (Nord, Sud, Centre, Nord-ouest,…) et répartis entre le milieu rural et
le milieu urbain
·
Quelques réhabilitations de sites existants : On recense en Tunisie
des villages abandonnés par exemple à Gabés en zone montagneuse : Béni
Zoltan 60 maisons de plus de 300 ans et Zouara (villages
Berbères)
Renforcement
de capacité de l’associatif Tunisien en la matière: Pour aborder avec sérénité
cette
expérience nouvelle
Pour
gérer des opérations de LA, le tissu associatif tunisien a besoin d’un
renforcement de capacité sur les aspects suivants :
·
L’approche participative et les méthodes d’animation
sociale
·
La mise en œuvre des projets
·
La planification stratégique et par objectif
·
Le suivi et l’évaluation participative des projets
·
La médiation et la négociation
·
L’échange d’expériences et des leçons apprises
·
La communication
·
LA FORMATION DE SPECIALISTES EN LOGEMENT ALTERNATIF (objet
de la Fiche métier : Spécialiste en logement alternatif).